Théorie de la subjectivité

Wow je me surprends moi même, deux jours consécutifs sur mon blog*, ce n’est pas rien ! Il fallait que je m’y mette, hier j’avais oublié une récente phrase sexiste que j’ai entendue sur « Pékin tu M’Stress« , comme aime à l’appeler mon mari. Un des équipiers (il fallait qu’il s’appelle Tarik en plus) avait dit lors d’une altercation avec une équipe adverse « je ne me mets pas en compétition avec les femmes« . J’aurais aimé le voir sur un ring face à Miriam Lamare, prendre quelques directs, et écouter sa réaction après. Aujourd’hui, ce propos me fait rire, allez savoir pourquoi.

Je n’ai absolument rien à dire aujourd’hui, sauf peut être expliquer mon rapport à l’écriture. Ce foisonnement d’idées bruyant dans ma tête, qui sort dans un silence absolu. C’est assez étrange l’apaisement qu’il me procure.

Une grande danseuse m’a dit une fois « La danse est subjective« . Je ne l’avais jamais considérée de ce point de vue, ma danse. J’avais à coeur qu’elle plaise un peu comme beaucoup de choses que l’on fait dans la vie, sans s’en rendre compte. C’est dans la nature humaine, pour se sentir exister, légitimer sa conduite, satisfaire au besoin d’appartenance ou la sociabilité. Chacun a ses raisons mais le résultat est le même.

Je me rappelle dans ma jeunesse, ma meilleure amie m’avait demandé de décrire ma personnalité dans mon journal intime (que j’avais partagé avec elle). Alors j’avais écrit que pour telle personne j’étais ceci, pour une autre j’étais cela, …etc. J’avais à coeur d’être parfaite et plaire à tous, j’en étais presque fière… Quel manque de personnalité !

Avec les années, les gens m’aimaient et cela comblait certainement un vide intérieur. Cette insatisfaction permanente de mon entourage en rapport à tout ce que je faisais, je n’étais jamais assez bien.

Première de classe ? bof, tu aurais pu être première du collège ! Première du collège ? oui mais, ta meilleure amie (appartenant à un autre collège – ndlr) a une meilleure moyenne. La rose que mon oncle lui avait offerte pour cela m’avait beaucoup marquée, à l’époque je ne recevais pas de cadeaux.

Chez nous, on me poussait tout le temps. L’autre a 20/20 quand j’ai 19/20. Et bien, mange-t-il plus que toi ? ses parents l’aiment-il plus que toi ? est-il plus intelligent que toi ? ou alors il en veut plus c’est ça ? je ne sais pas. En tout cas, ma réponse était un docile « Non » et ma mère me disait « Alors il n’y a pas de raison qu’il soit meilleur que toi ! » argument imparable et logique infaillible que j’ai hérité depuis de ma mère.

Cette démarche dans mon éducation a eu ses fruits, j’ai toujours été première et sans impression d’effort en plus. Était-ce le plus important ? j’en doute.

Cela a engendré des réactions en chaîne.

La première est cette volonté maladive d’être (à parcours égal, autrement c’est invivable) la meilleure dans tout ce que j’entreprends. La logique comparative c’est pas cool !

Une autre (que je cultive) est l’amour de l’effort, ME prouver que je peux le faire, le « le » pouvant représenter n’importe quel objectif que je me serais fixée. Ce n’est pas pour rien que j’ai accouché volontairement sans péridurale, ou que j’ai participé au semi-marathon d’Annecy sur un coup de tête avec un mois d’entrainement !

De plus, je ne me suis jamais rien interdit dans mes ambitions car ma mère m’a ancré dans la tête que rien ne m’était insurmontable (ben oui, pourquoi ne pourrais tu pas quand un autre peut??). Rien n’est trop bien pour sa fille. D’autant que je suis j’étais moche. Et pour une moche autant réussir les études, c’était mon unique sortie de secours.

Le revers de la médaille -il y en a forcément un quand on est dans l’extrême- étant que j’ai hérité d’une démente insatisfaction. Sachant que je peux toujours aller plus haut, je ne me considère jamais à ma juste valeur ; la valeur humaine. La perfection n’étant pas atteignable, alors je suis mauvaise.

Dans mon entourage, on le prend des fois pour de la fausse modestie, d’autres pour du manque de confiance. Moi je le prends comme un juste regard sur soi quand on se compare à la perfection. Ah la logique comparative, ce n’est vraiment pas cool et c’est très difficile de s’en défaire.

C’est la que la subjectivité m’est apparue comme une révélation ! si la danse est subjective alors tout est subjectif. Tout est question de perception et de point de vue.

La subjectivité a mis un mot sur ce que je savais depuis longtemps. On dit que la personnalité se forge avant les 3 ans, c’est peut être vrai, je n’ai pas beaucoup de souvenirs de cette période, mais avec les années je me dis que je n’ai pas changé, juste me suis révélée plus ou moins en fonction de l’age et des personnes.

Au bout de 30 ans de quasi-observation, je suis désormais certaine que personne ne sait réellement où il va ; tout est question de présentation, de forme.

Comme je n’aime pas la forme, alors je ne veux pas être conforme, on peut donc dire que je suis anti-conforme, si tant est que la conformité veuille dire quelque chose.

Conforme à quoi d’abord ? à ce qu’attendent les gens de moi ? et pourquoi ? parce que j’ai besoin de leur approbation ? Non, alors je ne veux plus coller à cette image, et par conséquent j’ai arrêté de me comparer aux gens. Mais j’aime encore l’idée de me comparer à la perfection, ce qui reste une échelle plus certaine que l’échelle humaine.

Quant à l’écriture, c’est un peu comme dans ma jeunesse où j’étais la plume fine de la littérature arabe, et quel était mon choc lorsqu’une pseudo copine (je l’aimais pas celle-la, elle était belle, riche, intelligente, polie… c’était trop facile !!!) avait eu une meilleure note que moi avec une rédaction simple et vraie versus mon texte plein de phrases pompeuses.

Ce jour la, j’avais compris que je n’avais nul besoin de faire de grandes phrases pour exprimer une vérité. Comme il n’y a nul besoin d’embellir une beauté envoûtante avec du maquillage, qui produit l’effet inverse. Bon, c’est arrivé une fois pas deux… elle avait le fond et la forme, j’avais le fond et je ne voulais surtout pas avoir la forme, pour produire l’ascenseur émotionnel, j’aime la diversité de mes alter-ego, et je m’en enrichis. Le plus important pour chacun étant d’être heureux, l’échelle du bonheur est absolument relative, que dis-je subjective.

* : consécutifs car je l’ai commencé avant-hier ce billet.

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