Et nous fumes

Nous sommes le mardi 18 mars et comme à mon habitude naissante je fais le point sur l’année écoulée. Tu n’es pas sans savoir que je célèbre dans quelques heures l’achèvement de ma trente quatrième année (il doit être dans les 10h #toc). J’en suis heureuse. Mon après 33 ans a été toutefois surprenant. On peut dire que mon destin s’est imposé à moi, et dans mon choix de l’accepter ou non, j’ai du prendre une décision, j’étais arrivée à une impasse ;

Dois-je continuer à vivre dans l’utopie de mon amour de jeunesse qui certes, a grandi, fleuri, fait un enfant ? je l’avais idéalisé au plus haut point, au point d’en oublier ma personne et ma vision du futur sur mes propres aspirations et choix. Je l’avais idéalisé au point de n’en envisager aucun autre, ni autre vie ni autre avenir. je m’étais résignée à un compromis de confort.

Ou bien, dois-je accepter l’entrée fracassante qu’a eu mon âme sœur dans ma vie ? une rencontre dont l’arrivée inattendue m’a démontré que le destin ne se choisit pas, il s’impose. le choix réside dans la notion de le saisir, ou pas.

Tout pour me conforter dans ma croyance en le destin, une preuve de plus et des plus criantes de la supériorité de Dieu, et de l’importance de nos choix dans la construction de notre destin.

Pour redescendre sur terre l’ami, je vais vulgariser mes propos. ma fâcheuse tendance à tirer des leçons générales d’actes individuels me poursuit et ma tendance à conceptualiser au lieu de « juste » narrer prend encore le dessus. Faut croire que les années n’y font rien, et je dois me faire à l’idée que ma tête est aussi pipelette que moi silencieuse en société.

En Mars 2013, je faisais le bilan sur mes premiers accomplissements que je pensais presque achevés. qu’après ma cérémonie de la cohérence, il suffisait désormais d’être moi pour être heureuse. Erreur. Je n’étais pas encore tout à fait moi, ma cohérence n’était pas totale. A cette époque j’étais au chômage. J’avais quitté mon dernier poste de travail de manière brutale, le burn out dans tous les sens qu’on peut lui donner. avec le recul, je réalise la nécessité de cette rupture pour m’amener la ou je me retrouve. J’avais besoin de détester l’esprit capitaliste pour avoir autant envie d’intégrer une structure humanitaire.

« au lieu de me bousiller la santé à servir des capitalistes juste bons à amasser de l’argent sans aucune conscience de leur prochain, pourquoi ne pas me bousiller la santé à servir une structure humanitaire dont la finalité est d’aider son prochain ?! » je me disais. il faut bien travailler et le secteur que j’ai choisi est en constante mouvance, ses acteurs soumis au stress quotidiennement. Entre ce souhait ancré dans ma tête et sa réalisation il y avait un grand gap, car rien dans ce que j’ai entrepris ne laissait envisager sa réalisation. mes priorités. J’avais besoin de respirer, danser, accomplir les petits défis que me lance ma tête, prendre du temps pour moi, mais je disais « pour ma famille aussi » qui passait devant tout. et j’étais bien, je crois.. en tout cas, j’étais dans le mouvement.

Au bout de quelques mois de recherche professionnelle tranquille, j’ai trouvé un poste. un seul entretien et le lendemain on me prenait ! ouf. à 60% comme je voulais, chez l’annonceur comme je voulais, dans la métallurgie (mes premières amours) c’était la cerise sur le gâteau! un gros potentiel d’évolution car je fondais le service marketing interne, et la société est leader dans son secteur d’activité dans le monde! le contrat pouvait se conclure en 2 jours et je commençais le lundi suivant. mon entretien était le jeudi ..

le mardi d’avant, 28052013, une de mes meilleures amies m’envoya un mail :

Coucou Mémé,
Je te transfère l’offre ci dessous, au cas où cela puisse t’intéresser.
Bisous !
C.

le Comité International de la Croix Rouge recherchait un chef de projet orienté Web pour un remplacement de congé de maternité ! Le rêve. l’inaccessible ? (je suis tjrs en manque cruel de confiance en moi). mais je suis capable de tout, donc pourquoi pas moi, j’ai postulé. ma pierre était lancée.

ma pierre lancée chez l’annonceur était déjà ferrée ; la concrétisation du poste se signait le vendredi et je commençais effectivement le lundi.. je l’ai fêté le jeudi soir avec mes amis. sauf que.. au moment de signer, j’ai bloqué ! (oui des fois j’ai tendance à bloquer comme dirait mon rappeur préféré), je ne le sentais pas. cela peut donner une image instable de moi, que-nini (j’essaie de matcher mon langage avec mon age).. une telle décision pour ma part ne pouvait se faire en 48h, j’avais besoin de temps et je ressentais une pression presque malsaine me poussant à la signature.. j’ai refusé. et j’ai clos ce chapitre. je misais sur l’autre pierre.. j’avais envoyé mon cv ! ce n’est pas rien.

je me disais que c’était comme le loto, les chances de décrocher le gros lot sont d’une faiblesse indécente, mais sans le ticket sur soi, elles sont nulles.

Tu me vois venir, si je te parle de cela c’est que cette chance était la mienne. Et bien qu’intéressants de part leur étrange cohérence, je t’épargne les détails détaillés. rejet de ma première candidature, puis.., puis.., puis renégociation, divers entretiens, et LA consécration. (je ne remercierais jamais assez camille, et séb). Non seulement je décrochais mon premier boulot en Suisse voisine mais celui-la même que je désirais au plus haut point. le jack pot, Dieu était de mon coté, je l’en remercie encore!!!!

j’ai commencé en Aout 2013. entre temps, j’avais annoncé la bonne nouvelle à ma mère. j’avais fini en sanglots au bout du fil. mon mari n’observait pas son ramadan et ma mère ne mesurait l’importance de la foi dans la capacité physique à tenir un tel effort. l’été n’aidait pas à cultiver la foi, bref. ce n’était pas grave, chaque individu (libre) est maitre de ses actes, car qd le désir prend le dessus, qd on en devient prisonnier, dès lors on perd sa liberté. le ramadan est un exercice de foi, pour savoir si l’on peut encore résister, qd on veut ! mon cultivateur de liberté. lui n’en avait pas assez et ma mère partait du principe qu’il était obligé! on ne peut obliger la foi et je n’avais pas à le juger, je l’avais défendu à fond, et gâché ma propre journée de ramadan. depuis ils ne s’adressaient plus la parole. et mon décrochage du poste de mes rêves était passé inaperçu dans la dispute téléphonique entre les deux, mais plus pour longtemps.

Car le temps est passé, le ramadan s’est fini, j’ai repris ma vie familiale heureuse dans la perspective de commencer mon nouveau travail le 19. Cette dispute était passée dans le rang des sujets tabous à ne plus aborder avec mon mari, un de plus, et ma capacité à m’auto-satisfaire du quotidien et du bonheur de ma famille me permettait d’être heureuse. je ne mesurais pas à cette époque, que de ce fait ma cohérence n’était pas totale.

et le premier jour checked ! j’ai mangé avec mes nouveaux collègues et suis tombée sur mon destin. bon, je ne l’ai pas vu de suite.. certainement à cause de la trop grande excitation à l’idée d’optimiser ma cohérence ; j’avais hâte de découvrir ce monde dans lequel on allait me payer pour défendre une cause humaine !

….

vendredi 28.03.2014

Très cher lecteur, je suis désolée je ne finis pas mon récit. Je me relis et me dis qu’il n’est nul besoin de citer les détails (mm non détaillés) pointant vers ce destin inattendu. A moins de te les donner TOUS (ce qui induirait d’écrire le roman de ma vie), les citer ne serait que perte de temps. tu devras me croire sur parole : toute ma vie pointe vers cette unique rencontre.

je suis amoureuse ! pas de n’importe quel amour ; ce mot est trop souvent utilisé, et pas tjrs à sa place ! l’amour est mm faible pour qualifier ma rencontre. j’ai retrouvé ma moitié. J’ai été poussée vers ma moitié, et son existence m’est vitale désormais !

J’ai eu un choix à faire à l’arrivée de ce destin inattendu. je ne te cache pas que j’étais perdue. cela ne m’était pas arrivée depuis… en fait, cela ne m’était jamais arrivé ! demander conseil à mes amis proches pour qu’ils m’expliquent ce désordre émotionnel ?? c’était mon rôle d’habitude. La, j’étais demandeuse !

J’essaie de vivre en parfaite harmonie avec ma tête et mon entourage. et pour moi l’amour est unique ! et pour moi, mon coeur battait déja d’amour pour quelqu’un ! que pouvait être cette attraction inexpliquée qui m’attirait vers cet homme que je venais de rencontrer ? un coup de foudre amical ? c’était ma première idée ! coup de foudre était une première qualification, encore faible. amical car j’étais attachée à mon idéal de vie. ce qui est certain, c’est que c’était impossible de m’en défaire. j’ai tourné la question des milliers de fois et ma tête (mm ma tête, à qui j’octroie une grande intelligence) ne pouvait m’expliquer ce qui se passait en moi. mes amis n’étaient pas les bonnes personnes dans cette situation. j’avais tenté. Il fallait que j’en parle à mon mari. l’infidélité, mm intellectuelle, ne convient pas à mon principe de cohérence.

A notre première discussion, mon mari avait compris que ma démarche induisait que je le quittais ! je ne l’avais pas compris moi mm. je lui avais parlé car il était mon unique oreille, celle à qui je me confiais de tout. Je lui ai dit que je commençais à ressentir des choses « anormales » envers une autre personne. Je voulais peut être son aide, ou son approbation.. je ne sais pas.. en tout cas, je me devais d’être honnête et j’aime trop dormir pour avoir ce genre de choses sur la conscience !

Je te passe les quelques mois de hauts et de bas. lui et moi avons vécu un enfer. de son point de vue plus facile pour moi, mais on ne peut comparer. nous l’avons géré de la manière la plus intelligente possible, à l’image de notre première rencontre et de nos 12 années de vie commune heureuse. et aussi pour notre fille de 8 ans. sur le moment, cela n’a pas été chose aisée.

j’ai fini par confirmer que l’amour est effectivement un sentiment unique, et que si je le ressentais pour cet homme fraîchement débarqué dans ma vie (en tout cas, physiquement), c’est que je ne le ressentais plus pour mon mari. Avec un peu hauteur (pas facile qd cela concerne soi mm), j’ai compris que cet amour perdu pour mon mari l’a été doucement.. cela s’est fait sur les dernières années.

je me souviens d’un billet que j’ai rédigé il y a quelques temps. il traitait en partie de la séparation dans les couples, des chemins divergeant que prennent chaque entité du couple et qui les éloignent petit à petit au fil des années. Ils se retrouvent un jour méconnaissables et se demandent la raison de leur vie commune.

mon mari est une perle ! Il m’assurait une vie de famille heureuse, et j’ai occulté ma vie de femme avec cela. Il était le père de famille idéal et avec lui, j’avais une vie confortable. et ma vie de famille était mon Graal, ma base, ce à quoi je tenais le plus, que je gardais précieusement, et je supprimais tout élément externe qui risquait de la perturber. Je l’idéalisais (à l’image des premières années vécues ensembles) au point oú seul l’amour véritable pouvait me pousser à la remettre en question.

et mon destin était plus que l’amour véritable, c’était LUI !

nous sommes liés de racines plus lointaines que nos naissances respectives.
comme si nous avons vieilli ensemble dans d’autres vies.
je suis enracinée en lui et il vit en moi.

 

Sa rencontre a complété mon être, ensuite.. nous fumes ! et NOUS sommes.

 

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